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Rencontre avec Sylvain Sankalé : Un voyage au cœur de la scène artistique sénégalaise

Sylvain Sankalé, 64 ans, est juriste et consultant en droit des affaires. Sénégalais avec des origines maliennes, françaises, anglaises et antillaises, il est né dans un milieu cultivé, ses parents l’emmenaient dans des expositions lorsqu’il était tout petit. Il a assuré son premier Commissariat d’exposition à seulement 21 ans. Sylvain Sankalé a notamment été président de la biennale de Dakar en 2000. Malgré plusieurs centaines d’œuvres d’art africain classique et contemporain dans sa collection, Sylvain Sankalé préfère être vu comme un amateur d’art plutôt que comme un collectionneur. Pour Dakartnews, il revient sur son parcours, sa passion pour l’art et la scène artistique sénégalaise.

Copyright : Sylvain Sankalé.

Qu’est-ce-qui vous motive à collectionner des œuvres d’artistes sénégalais ?  

J’ai commencé par me spécialiser dans l’art sénégalais parce que je ne pouvais pas me permettre d’acheter des œuvres d’artistes du monde entier, cela risquait en plus de faire un ensemble hétéroclite qui n’aurait pas eu la même unité. Cela ne m’empêche pas d’avoir des coups de cœur pour d’autres artistes et d’avoir des œuvres que j’apprécie d’artistes d’autres nationalités en Afrique et ailleurs dans le monde. Disons que, majoritairement, j’achète des œuvres d’artistes sénégalais pour des raisons évidentes : je vis au Sénégal, je connais les artistes, je les côtoie. Personnellement, une œuvre d’art est faite pour que je vive avec. Je n’achète jamais une signature, j’achète une œuvre parce que j’ai envie de vivre avec. C’est le plaisir que j’éprouve à les voir. Lorsqu’aussi certaines œuvres sont associées à des souvenirs, avec certains artistes, cela contribue à leur donner une valeur à mes yeux.

Parmi les œuvres que vous avez, y a-t-il une œuvre qui a suscité une réaction émotionnelle chez vous plus que d’autres ?

Il y a le côté émotionnel des œuvres, certes, mais il y a aussi le côté émotionnel des œuvres qui ont pu m’être offertes par des artistes. Lorsque Ndary Lô, sur son lit d’hôpital, a choisi de m’offrir certaines pièces, cela fait partie des souvenirs que je ne peux pas perdre de vue. J’ai aussi une œuvre qui est signée par quatre artistes différents qui ont fait une toile et qui me l’ont offerte pour mes 40 ans. Je suis bien le seul au monde à avoir quatre signatures d’artistes sur la même toile. Il s’agit de Souleymane Keita, qui n’est malheureusement plus de ce monde, du peintre Soly Cissé, du céramiste Mauro Petroni, qui pour la circonstance a fait de la peinture, et de l’artiste française Christine Pillot, qui vivait au Sénégal à l’époque. La toile en soi n’a probablement aucune valeur marchande. C’est sur le côté affectif que j’y accorde de l’importance.

Quelle importance ont les collectionneurs dans la préservation de l’art contemporain au Sénégal ? 

C’est important à plusieurs niveaux. D’abord, le fait d’acheter des œuvres permet aux artistes de vivre. Ce qui me paraît important. Le deuxième niveau c’est que ça permet aux œuvres de rester au Sénégal alors que beaucoup sont vendues à l’étranger et qu’il y a certains artistes sénégalais dont on ne retrouve plus aucune œuvre aujourd’hui au Sénégal. C’est bien qu’il y en ait qui sacrifient une partie de leurs revenus à la conservation des objets ici. La troisième chose est que leurs espaces sont en général assez courus, soit parce qu’ils mènent une vie sociale importante, qui permet à des tas de personnes de voir ce qu’il y a ; soit parce qu’ils sont connus par d’autres collectionneurs, amateurs d’art et éventuellement des responsables de musées… qui viennent au Sénégal, qui découvrent et qui demandent des contacts d’artistes, qui choisissent d’exposer ou d’acheter les œuvres. Donc c’est un maillon important dans la promotion des artistes.

Intérieur du domicile de Sylvain Sankalé. Copyright : Sylvain Sankalé.
L’intérêt pour l’art contemporain africain semble monter. Qu’en est-il des collectionneurs africains, et plus précisément des collectionneurs sénégalais ?

Il y a plusieurs freins à ce niveau. Le premier est un problème économique. Il faudrait bien que les artistes puissent gagner leur vie. Donc leurs œuvres ne sont pas forcément à la portée de tout le monde, ni d’ailleurs à ma portée. Donc ça nécessite déjà des possibilités que tout le monde n’a pas, même si pour ma part je pense qu’on peut commencer avec des jeunes artistes qui sont plus accessibles et qui ensuite font de très belles carrières, ou ont potentiellement la possibilité de faire de belles carrières ultérieurement. Le deuxième aspect qui n’est pas à négliger non plus, c’est que la religion musulmane interdit la représentation des êtres vivants. Je pense d’ailleurs que c’est l’une des raisons pour lesquelles il y a autant d’artistes qui se tournent vers l’abstraction au Sénégal, parce qu’au moins cela ne choque personne. Tout cela a besoin d’être nuancé, bien sûr. Mais vous avez beaucoup de gens qui disent qu’ils n’aimeraient pas avoir ça chez eux. Après, il y a aussi un problème de formation culturelle, aux choses culturelles, qui fait que ce n’est pas nécessairement le premier centre d’intérêt des gens, nulle part ailleurs, non plus. C’est plus facile quand on y a baigné plus tôt dans sa vie. Mon frère, ma sœur et moi, achetons des œuvres d’art à des degrés différents, parce que nous avons baigné dans ce monde depuis notre enfance.

Justement, vous qui avez baigné dans ce monde depuis votre enfance, pouvez-vous nous parler de l’évolution de la scène artistique sénégalaise ?

Il y a 24 ans, lorsque j’étais président de la biennale de l’art contemporain africain de Dakar, on avait reproché à cette biennale de n’avoir montré, certes que des artistes africains, mais on leur reprochait beaucoup de ne pas « faire africain ». Comme si on se préoccupait de savoir si un artiste japonais faisait japonais. J’avoue que ça avait été une de mes grandes batailles de l’époque. Aujourd’hui nous n’avons plus cette préoccupation. Un artiste est artiste et puis c’est tout. Evidemment on peut retrouver des traces de ses racines dans sa création mais ce n’est pas une obligation. Et puis chacun traite cela à sa manière. Un artiste part de sa propre structure personnelle, son propre fondement personnel pour pouvoir créer. J’ai clairement le sentiment aujourd’hui que la création artistique est beaucoup plus ouverte, plus libre qu’elle ne l’a été autrefois. Et ça, c’est une excellente chose.

Vous voulez dire qu’elle n’était pas libre ?

Nous avions, à l’époque, des théories que personnellement, je ne partage pas, notamment celles du président Léopold Sédar Senghor et de ceux qui l’ont suivi, qui voulaient qu’il y ait un enracinement dans l’africanité chez les artistes. Le premier à s’y être opposé,  a été le peintre Iba Ndiaye, qui a été le premier directeur de l’école des Beaux-Arts de Dakar à sa création en 1960, et qui a dit selon une formule qui est restée célèbre : « Je suis peintre et je suis sénégalais. Mais je ne suis pas peintre sénégalais. » Pour lui, un artiste n’avait pas à faire état de sa nationalité dans son travail. Il peignait ce qu’il avait envie de peindre. Et Dieu sait si Iba Ndiaye était très sénégalais comme artiste et que les thématiques qu’il a développées, comme la Tabaski par exemple, étaient vraiment ancrées dans sa propre culture. Mais ce n’était pas une obligation pour lui. Ce sont des choix qui l’intéressaient.

Il y a eu donc pendant un certain temps toute une lutte entre ceux qui voulaient plaire au pouvoir en place, qui se croyaient obligés de réinventer des styles prétendument africains, et ceux qui s’étaient libérés de tout ça qui se sont dit : on peint ce qu’on a envie de peindre et puis c’est tout.

Il y a eu d’abord la réaction des artistes eux-mêmes, avec entre autres, comme chef de file, Joe Ouakam, qui était artiste mais aussi théoricien et agitateur, et qui a joué un rôle important à ce niveau. Il n’était pas seul, il y avait d’autres artistes avec lui. Et il y a eu le fait que l’État du Sénégal, au moment où Abdou Diouf est venu au pouvoir [ndlr. 1981], n’avait plus trop le temps ni surtout les moyens de s’occuper de la culture avec autant d’assiduité que ne le faisait le président Senghor. Donc, les artistes ont été laissés à eux-mêmes, avec des conséquences assez diverses.

Par exemple, beaucoup d’artistes que le président Senghor avait exposés ont purement et simplement « disparu ». Plus personne ne s’intéressait à leur travail. Cela étant, il y a eu une libération de l’espace artistique. Mais cela a été aussi compliqué parce qu’évidemment, les artistes ne recevant plus de subventions, ni de commandes, ni rien du tout, ont dû se débrouiller. Et là, c’est le talent qui a primé et la capacité des artistes à se faire connaître et à se vendre. Parmi les demandes formulées par les artistes, il y a eu la création de la Biennale [ndlr. en 1990] qui est l’aboutissement de ce processus.

Quand vous dites que la création artistique est beaucoup plus ouverte aujourd’hui qu’autrefois : est-ce au niveau des thématiques ou du style ? 

Cela s’est fait à tous les niveaux parce qu’il a eu un brassage plus important, des rencontres avec d’autres artistes, des voyages individuels, des bourses. Tout un tas d’éléments qui ont amené les artistes sénégalais à s’ouvrir à d’autres visions du monde. Et même tout en ayant leur propre vision du monde, ils pouvaient l’exprimer tout à fait librement.

Donc on est sorti un peu du côté folklorique. Les artistes ont commencé à s’intéresser à la dureté des temps, à la difficulté de la vie, à la vie urbaine. On est rentré dans des choses qui sont beaucoup plus proches des préoccupations des Sénégalais que des évocations éthérées de tout un tas de choses qui n’avaient plus lieu d’être.  Il faut souligner que la tendance pour ces thématiques s’est amplifiée à ce moment-là, vers les années 80. Il  a donc commencé à y avoir de nouveaux intervenants dans la scène artistique avec des galeristes privés.

Et comment les artistes sénégalais abordent-ils les questions sociales et politiques dans leur art ?

Cela dépend de l’art qu’ils pratiquent et de la façon dont ils expriment les choses. Vous avez autant de façon d’aborder qu’il y a d’artistes. C’est vraiment complétement indépendant.  Il y en a qui font une description de leur environnement à l’identique et puis vous avez d’autres qui font des évocations qui sont plus ou moins figuratives jusqu’à arriver à l’abstraction pure, qui pourtant exprime bien ce qu’ils veulent exprimer. 

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Y a-t-il des tendances émergentes dans l’art contemporain sénégalais, une spécificité ?

Je ne pense pas qu’on puisse parler de tendances. C’est très vivant, ça bouge, ça évolue, ça s’ouvre à de nouvelles techniques comme les vidéos, les installations, les happenings etc.. Toutes ces choses-là, qui étaient totalement inconnues il y a 30 ans, sont bien vivaces. Je ne pense pas non plus qu’on puisse parler de spécificité sénégalaise. Je pense que chacun crée à sa manière comme il a envie de créer, que ce soit au Sénégal ou dans les autres pays. 

Quel serait l’intérêt aujourd’hui de s’intéresser à la création artistique sénégalaise ?

C’est intéressant de diversifier l’œil et l’ouverture qu’on peut avoir par rapport à la création contemporaine dans son ensemble. Je crois que si on s’intéresse à l’art contemporain, on ne peut être fermé à aucune espèce de ses manifestations. Cela étant, on a ses propres goûts, ses propres choix, c’est un deuxième problème, mais il faut les connaître. Or ce qui est très important à relever est que pendant très longtemps, si vous ouvriez une encyclopédie sur l’art contemporain, il n’y avait pas un mot sur les artistes en Afrique. Maintenant, ça commence à venir. C’est-à-dire que maintenant le grand public commence à découvrir qu’il y a des artistes contemporains en Afrique, que ce n’est pas du folklore, que ce ne sont pas des statues et des masques, que c’est de l’art contemporain.

Vous pensez qu’aujourd’hui que les artistes sénégalais exercent une influence sur la scène artistique contemporaine mondiale ?

Influence me paraît fort mais une présence, oui. Leur présence est indéniable. De plus en plus, on voit des artistes sénégalais un peu partout dans le monde. Ils sont de plus en plus dans d’importantes collections, dans des musées, dans des foires et des biennales, et donc c’est intéressant.

Et comment jugez-vous leurs œuvres. Assiste-t-on à des redondances, du déjà-vu, où il y-a-t-il une certaine originalité dans l’approche qui mérite d’être mentionnée ? 

Je pense à un écrivain américain à qui on avait demandé quel effet lui faisaient les critiques d’un critique d’art et il a répondu le même effet que pour un réverbère, un chien qui pisse sur son pied. C’est pour dire que mon opinion n’a aucune espèce de valeur. Ce sont les artistes qui font la scène artistique. Ils n’ont de compte à rendre à personne. Forcément il y a des périodes où certaines choses sont peut-être trop exprimées, si on peut le dire ainsi, et il y a des périodes où certains sont en avance sur d’autres et qui sont les premiers à exprimer des préoccupations que d’autres n’ont pas vu venir. C’est une liberté de chaque artiste d’exprimer ce qu’il a envie d’exprimer et à nous de voir ce qui nous plaît ou pas. 

intérieur du domicile de Sylvain Sankalé. Copyright : Sylvain Sankalé.
Y-a-t-il un art avant-gardiste ou pas au Sénégal ?

Ça veut dire quoi l’avant-garde ? Qui disait que « L’avant-garde n’arrête pas de regarder ce qu’il y a derrière elle. » ? Si l’avant-garde, c’est être dans le moule des artistes internationaux occidentaux qui ont du succès, pour moi ce n’est pas une avant-garde. Ça ne veut rien dire. La construction de la réputation d’un artiste, elle se fait beaucoup plus souvent dans des processus de marketing que par le talent.

Pour un non-sénégalais, pourriez-vous donner 3 noms d’artistes contemporains sénégalais dont il faut absolument voir le travail ?

Trois c’est beaucoup trop restrictif. Je m’y refuse catégoriquement. Après c’est une question de sensibilité, de rencontre, de choix… Il y a des artistes dont je n’aime pas du tout le travail et qui pourtant sont très appréciés par d’autres. Il y en a certains que je porte aux nues alors que  les autres restent indifférents à leur travail. Et puis il y a des phénomènes de mode. Il y a des artistes qui sont décédés qu’on continue à maintenir en vie et d’autres qui ont sombré dans l’oubli alors qu’ils méritaient plus que ça. Alors c’est pour cela que je crois qu’il faut venir faire sa propre quête et sa propre rencontre. Ce n’est pas possible de dire d’aller voir tel artiste plutôt qu’un autre.

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Quels sont les principaux défis auxquels font face aujourd’hui les artistes sénégalais ?

Il y en a plusieurs parmi lesquels on peut citer l’acceptation dans l’univers social dans lequel ils vivent. Un peu partout dans le monde, les artistes sont un peu marginalisés, parce qu’ils se marginalisent eux-mêmes et parce que la société n’aime pas beaucoup les déviants. La question est de savoir jusqu’où cette déviance peut aller ou ne pas aller. Le principal problème c’est que si un enfant dit qu’il a envie de devenir artiste, on lui tape sur les doigts pour lui faire oublier cette mauvaise idée. C’est donc l’un des principaux défis. Ce n’est pas systématique parce que je connais des artistes qui ont été au contraire encouragés par leurs familles dès leur bas-âge, mais ça reste relativement une exception. C’est pour cela que vous avez des artistes qui parfois ont fait des formations universitaires dans des domaines qui n’ont rien à voir avec l’art, avant d’avoir assez de maturité et d’indépendance pour dire maintenant je vais faire l’école des Beaux-Arts ou maintenant je vais faire de l’art et puis c’est tout.

Pouvez-vous nous dire un mot sur le rôle que jouent les galeries au Sénégal dans la promotion des artistes contemporains ?

Leur rôle est fondamental. Un artiste n’est pas un marchand. Un artiste qui passe sa vie à devoir organiser la vente de ses œuvres, puisqu’il faut bien qu’il gagne sa vie et soit connu, généralement ne produit plus rien. J’ai donc toujours incité les artistes à avoir des agents, des galeristes. Cela implique un partage des bénéfices. Mais il vaut mieux avoir des bénéfices à partager que pas de bénéfices du tout. C’est donc important d’en avoir conscience. Le galeriste, si c’est un bon galeriste, sait comment assurer la promotion de ses artistes, sait trouver des collectionneurs, des acquéreurs etc. Nous avons ici au Sénégal toute une fournée de galeristes jeunes et moins jeunes qui ont effectué un travail très honnête depuis plusieurs dizaines d’années.

Mon conseil aux artistes est d’abord de faire appel à des professionnels et deuxièmement de savoir quels engagements ils prennent ou pas, pour ne pas signer n’importe quoi. Et encore moins faire des choses sans avoir aucun papier. Si vous saviez le nombre d’artistes qui meurent alors que leurs œuvres sont disséminées dans le monde et que personne ne sait où sont les œuvres et qui a payé quoi, c’est à pleurer.

Y-a-t-il des structures au Sénégal qui forment justement sur ces questions-là, la gestion de l’art ?

L’institut supérieur des Arts et des Cultures (ISAC) de l’Université de Dakar assure des formations dans ce sens. Et là-bas j’enseigne le droit. Cet institut est censé former des managers d’art, des galeristes, des responsables de musées… On amène les apprenants à bien prendre conscience de toutes les conséquences juridiques de leurs actes. Il n’est pas important pour les artistes de faire un cursus pareil mais ils doivent savoir qu’il y a des gens qui le font et ensuite ils pourront chercher les agents d’artistes qui effectuent un travail sérieux et s’en rapprocher.

Après des dizaines d’années d’accumulation d’œuvres, quels conseils donneriez-vous à un jeune qui souhaiterait commencer à collectionner des œuvres d’art ?

Le premier conseil est celui que mon père m’a donné. Il m’a dit qu’il vaut toujours mieux avoir une petite œuvre originale d’un tout petit artiste plutôt que d’avoir la copie d’une grande œuvre d’un grand artiste. C’est donc cette recherche de l’authenticité, de l’originalité qui est la plus importante. Après au fur et à mesure qu’on progresse, on connaît mieux, on sait mieux, on connaît l’ensemble du paysage artistique et on peut trouver des tas de solutions. Le deuxième est d’essayer de se spécialiser parce que tout collectionner est impossible. Sinon on arrive à un ensemble hétérogène qui n’a aucune espèce d’unité et de logique. Je pense que c’est bien d’avoir un ensemble harmonieux. Cela étant on peut se faire plaisir avec ce qu’on veut, là n’est pas la question.

Après il faut garder une certaine liberté, je ne suis pas dogmatique sur la question. Mais souvent on se rend compte qu’on a un ensemble plus harmonieux que certaines collections qui sont une accumulation de choses qui n’ont rien à se dire entre elles.

Le troisième conseil est de ne pas laisser les autres décider pour vous, de faire les choses soi-même.  J’ai du mal par exemple à concevoir qu’on aille voir un marchand et qu’on lui dise de choisir pour soi une œuvre. Il peut vous donner un avis. Mais fondamentalement, on sent une œuvre ou on ne la sent pas. Il faut s’ouvrir à ce qui se passe, ce qui se crée et se laisser aller à sa propre sensibilité.

Intérieur du domicile de Sylvain Sankalé avec tout au fond un triptyque de Soly Cissé. Copyright : Sylvain Sankalé.
Combien d’œuvres avez-vous dans votre collection personnelle ?

Je n’en sais rien. J’’ai à la fois les œuvres d’art africain classique et contemporaines. Tout ça fait bien plusieurs centaines mais je ne saurai pas vous dire le nombre exact. Je n’accumule pas. Je ne suis pas là pour faire de la spéculation, ni pour contempler le nombre de pièces que j’ai. J’ai des coups de cœur. Si j’en ai les moyens, je les assouvis. Je le fais pour mon plaisir.

La rédation de DakartNews


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